L'égalité hommes-femmes au Canada : du chemin reste à parcourir
- Admin
- 15 mars 2018
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S’attaquer au sujet des inégalités hommes-femmes au Canada, plus particulièrement au Québec est plus que jamais d’actualité. Au lendemain de l’affaire Weinstein, la liste d’accusés de violences sexuelles ne cesse de s’agrandir, la parole des femmes se libère. Dès lors, s’intéresser aux politiques d’égalité fait indéniablement sens.

La proportion de femmes élues à l’Assemblée Nationale a diminué au cours des dernières années au Québec
Selon le rapport mondial sur la parité entre les sexes établi en 2016, le Canada se place à la 16e position. (*) Si les progrès continuent à stagner en matière d’égalité des sexes, la parité hommes-femmes ne sera réellement établie que dans 170 ans au minimum. Cependant, la prise de conscience s’améliore, la dynamique semble en marche au Québec. Le premier ministre M. Philippe Couillard a déclaré : "Nous reconnaissons l’importance d’agir dans tous les domaines pour que les nouvelles interventions gouvernementales en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes changent favorablement la vie des citoyennes et des citoyens. Ensemble, bâtissons un Québec du 21e siècle où toutes et tous peuvent s’épanouir à la hauteur de leurs ambitions. »
L’automne dernier, l’élection de Valérie Plante au poste de maire de Montréal relance aussi le débat sur la représentativité des femmes dans la sphère politique.
Vers l’émancipation de la femme
Le 29 juin 2017 a été lancée la stratégie gouvernementale pour l'égalité entre les femmes et les hommes vers 2021. Ce projet repose sur l’émancipation de la femme et sur leur autonomisation économique. Même si pour certaines femmes québécoises, l’accès au marché du travail reste encore un challenge majeur, la réduction des inégalités passera désormais par des enjeux de diversification des choix de carrières et de mixité respectée au sein des entreprises. Les femmes au Québec diversifient peu les secteurs professionnels dans lesquels elles évoluent. Encore trop de professions ne parviennent pas à atteindre un nombre suffisant de femmes en leur sein. « En 2016, les femmes québécoises représentaient seulement 22,8% de l’effectif des professions liées aux sciences naturelles, 5,8% de l’effectif des professions liées aux métiers du transport alors qu’elles représentaient 81,1% du personnel du secteur de la santé.» L’une des principales finalités du projet est d’encourager l’atteinte de la mixité dans les entreprises, notamment celles à prédominance masculine.
La ministre du Québec s’engage aussi en faveur du partage équitable des responsabilités familiales. Le projet « à parts égales » met en valeur le changement des mœurs notamment quant à l’image de la femme au foyer. « L’autorité parentale place les deux parents sur un pied d’égalité vis-à-vis des enfants communs. La société québécoise préconise un partage égal des responsabilités des conjoints envers leurs enfants, peu importe la forme d’union. Dans une proportion de plus en plus élevée, les pères prennent maintenant un congé de paternité au moment de la naissance de leur enfant. Qui dit responsabilités familiales dit aussi partage des tâches à la maison : ménage, préparation des repas, etc. Ce partage doit être le plus équitable possible parce que, généralement, les deux conjoints occupent un emploi »
Les différentes lois pour l’égalité hommes-femmes au Québec
En 1977, la législation québécoise, inscrit dans la Charte des Droits et Libertés de la Personne : « l'égalité des chances, un traitement équitable et un environnement exempt de discrimination fondée sur le sexe, l'orientation sexuelle, l'état matrimonial et la situation familiale. »
C’est seulement en 1996 que fut adoptée la loi sur l’équité salariale. Elle stipule que toutes les entreprises de plus de 10 collaborateurs ont le devoir d’exercer une équité salariale.
En 2000, est reconnue la loi sur l’accès à l’égalité dans les organismes publics (santé, éducation, municipalités, sûreté). Les organismes embauchant plus de 100 personnes sont dès lors contraints de mettre en place des programmes d’accès à l’égalité. Cette loi promeut la promotion des femmes et la présence équitable de celles-ci dans les multiples catégories d’emplois.
Enfin, depuis 1979 existe ce que l’on nomme le secrétariat à la condition féminine. Son but étant de coordonner et d’assurer le suivi des actions gouvernementales en ce qui concerne l’égalité des genres.
Inégalités salariales
Les femmes québécoises restent à ce jour moins bien payées que leurs confrères masculins. Le système canadien, bien qu’il soit progressiste en la matière, doit encore atteindre de nouveaux objectifs. L’inégalité salariale s’est effectivement peu réduite ces dernières années et est devenue aujourd’hui un problème de société. La différence entre les rémunérations suscite la polémique car cet écart salarial serait de moins en moins dû au niveau de scolarité ou au nombre d’années d’expérience. Certaines femmes aujourd’hui, affichant la même position que celui d’un homme, seraient tout de même moins bien rémunérées, et ce sans raisons apparentes. Aujourd’hui au Québec, le revenu moyen des femmes correspond à 74,9% de celui des hommes.
Le manque de mixité sociale et de diversification des emplois approfondit l’écart des salaires, les femmes étant notamment présentes de façon plus importante dans des secteurs à bas salaires tels que l’hôtellerie ou la restauration rapide. Seules 5% des femmes occupent aujourd’hui un poste de dirigeante dans les grandes entreprises.
La stratégie gouvernementale pour l'égalité entre les femmes et les hommes vers 2021 vise à promouvoir l’entreprenariat féminin qui a explosé depuis 1986 passant de 20 à 39%.
Des enjeux au-devant de la scène du gouvernement et des politiques mises en place
« Cela prendra 90 ans si rien n’est fait pour atteindre une parité hommes-femmes au Canada ». Selon la ministre Lise Thériault : « même quand on fait des avancées, les acquis demeurent fragiles ». En l’occurrence, la proportion de femmes élues à l’Assemblée Nationale a diminué au cours des dernières années. Moins d’une municipalité sur cinq est aujourd’hui dirigée par une femme au Québec. De même, aucun quota dans l’administration n’est mis en place pour assurer la mixité hommes-femmes. Il manque actuellement 1543 femmes fonctionnaires à Montréal. Pour respecter la loi sur l’accès à l’égalité à l’emploi, la municipalité devra augmenter de 16% son effectif féminin. Le Canada se trouve au 60e rang en matière de représentativité féminine dans les instances gouvernementales et parlements. Un pays qui se trouve derrière le Kazakhstan, paradoxe de l’image du pays socio et culturellement développé ?
Le combat pour la justice sociale n’est donc pas terminé même si la société québécoise commence à y contribuer. Le gouvernement Trudeau a promis d’introduire une loi sur l’égalité salariale en 2018. On souligne en effet un fossé entre le discours officiel volontariste et les faits.
Joséphine Evrard et Angèle Delmotte
Sources
http://www3.weforum.org/docs/WEF_GGGR_2017.pdf
http://www.scf.gouv.qc.ca/fileadmin/publications/Strategie_Egalite/strategie-egalite-2021.pdf
https://www.csf.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/portrait-statistique-egalite-femmes-hommes-ou-en-sommes-nous-au-quebec.pdf
http://www.scf.gouv.qc.ca/fileadmin/publications/A-parts-egales-a-part-entiere_fr.pdf
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