La situation des femmes aux Philippines
- Admin
- 23 mars 2019
- 4 min de lecture
Les femmes représentent plus de 50% de la population aux Philippines. Leur contribution, comme dans chaque société, est indispensable, mais celle-ci est peu valorisée et mal rétribuée. Les ressources déployées par l’État pour améliorer les services aux femmes peinent à répondre à leurs besoins bien qu’une évolution soit observable à travers les années quant au statut de la femme et à sa responsabilisation au niveau institutionnel.

L'origine
Officiellement, l’archipel est un État laïque, où aucun groupe religieux ne détient le pouvoir de changer unilatéralement les lois et politiques. Cela étant dit, les factions fondamentalistes parviennent malgré tout à imposer des restrictions et exercer un certain contrôle sur les femmes, notamment quant à la question de l’avortement, du divorce ou du viol. La discrimination sexuelle à l’égard des femmes est consacrée par les lois du pays, qui à leur tour, reflètent les principes moraux de l’Église catholique. Par exemple, l’avortement est illégal alors que l’accès aux moyens de contraception est très limité. La neutralité des Philippines en tant qu’État laïc et libéral est alors facilement contestable.
Les solutions mises en œuvre pour encourager l’émancipation de la femme sont peu fructueuses, puisqu’elles ne s’attaquent pas à la source du problème, telles que la discrimination sanctionnée par plusieurs lois et politiques. Par exemple, le réseau de transport en commun à Manille réserve des wagons pour les femmes, les wagons mixtes étant le lieu de nombreuses agressions. Or, lorsqu’un abus sexuel est commis, il est quasi-impossible de traduire l’agresseur en justice, faute de mécanisme judiciaire adéquat. On peut donc apercevoir, un peu partout dans la ville, des panneaux publicitaires dénonçant le harcèlement que subissent les femmes. Il s’agit majoritairement d’ONG qui cherchent à venir en aide aux victimes au niveau physique ou mental, la voie de la justice étant délaissée. Le problème est donc reconnu, et la seule réponse à celui-ci est d’isoler les femmes des hommes.
Un autre exemple de la condition de la femme aux Philippines est contenu dans le Code de la Famille de 1987 (Family Code of 1987). Ce code a abrogé plusieurs dispositions discriminatoires du précédent Code civil de 1950, mais il n’a pas su pallier le biais sexiste dans le domaine du mariage et du droit de la famille. Par exemple, l’article 55 du Code de la famille énonce 10 motifs pouvant justifier une séparation légale, le divorce n’étant pas une avenue possible. Le premier motif consiste en « une violence physique répétée ou une conduite abusive grossière ». En cas de litige, les femmes possèdent, dans une certaine mesure, un recours contre leur mari. Toutefois, le problème se situe plutôt au niveau de la durée du processus et des frais engendrés puisque la majorité des femmes ne sont pas en mesure de les assumer. En outre, l’article 36 énonce qu’un mariage ne peut être déclaré nul que dans la mesure où l’un des deux époux serait jugé inapte psychologiquement à remplir l’essentiel de ses obligations conjugales. Dans de telles circonstances, la preuve de cette inaptitude doit être présentée au tribunal. Si celle-ci est acceptée, le mariage peut être annulé.
Le bilan
Malgré cela, les Philippines ont eu un bilan plutôt positif sur l'égalité des sexes. Dans un récent rapport du World Economic Forum sur l'Égalité mondiale entre les sexes 2016, les Philippines ont maintenu leur plus haut rang dans l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) et cela dure depuis 2006. Les Philippines se sont classées au 7ème rang parmi les 144 pays évalués dans le monde en 2016. Pour information la France se situe au 17ème rang. L'indice mondial d'écart entre les sexes est une mesure composite des écarts entre les sexes sur quatre résultats socioéconomiques: la participation économique et les possibilités : niveau d'instruction, autonomisation politique, santé et survie. Mais les Philippines doivent encore combler le fossé entre les sexes en matière d'autonomisation politique et de participation et d'opportunités économiques, avec une performance beaucoup plus faible dans ces deux derniers résultats.
L'écart entre les sexes dans le travail

Un indicateur clé du marché du travail est le taux de participation au marché du travail, défini comme le pourcentage total de personnes en âge de travailler (c'est-à-dire âgées de 15 ans et plus) qui font partie de la population active.
Environ quatre hommes sur cinq en âge de travailler dans le pays font partie de la population active alors que parmi les femmes, seulement la moitié en fait partie.
Ceux qui ne font pas partie de la population active (c'est-à-dire qui ne sont ni employés ni chômeurs) comprennent les conjoints au foyer, les étudiants, les personnes handicapées, les retraités et les travailleurs saisonniers. Ainsi, alors que les femmes font des progrès dans l'obtention d'un niveau d'instruction égal sinon supérieur à celui des hommes, elles ne rejoignent pas la population active autant que les hommes.
L'écart de taux d'activité entre les hommes et les femmes n'a guère changé avec une diminution de seulement 2,5 points de pourcentage entre 2005 et 2015.
Ce qui doit être fait
Alors que les femmes ont progressé dans les opportunités économiques avec des taux de chômage réduits, une part réduite des emplois vulnérables et avec l'écart salarial global en leur faveur, elles sont toujours défavorisées par rapport aux hommes car la moitié d'entre elles n'entre pas sur le marché du travail.
Lorsqu'elles occupent un emploi, les femmes sont beaucoup plus nombreuses dans le secteur des services et dans l'emploi vulnérable que les hommes. Alors que l'écart salarial entre hommes et femmes semble favoriser les femmes aux Philippines, les moyennes masquent les disparités entre les sexes dans les écarts de rémunération entre les divers groupes professionnels.
Le gouvernement devra alors jouer un rôle important pour assurer la création d'emplois de qualité et l'égalité des chances économiques pour les deux sexes. Il sera important d'examiner les raisons pour lesquelles un trop grand nombre de femmes n'entrent pas sur le marché du travail et pourquoi certaines professions et certains secteurs sont dominés par un sexe ou l'autre, et aussi pourquoi les écarts de salaires persistent dans certaines professions. Le gouvernement devra également déterminer les moyens d'assurer une protection sociale accrue à ceux qui travaillent dans l'économie informelle et résoudre les problèmes liés au travail non rémunéré.
Sources
https://e-rse.net/top-pays-egalite-homme-femme-parite25509/#gs.AZJqiRE
http://www.businessinsider.fr/classementpays-ecarts-salaire-hommes-femmes/
Comentarios